L'article en un clin d'oeil
Jour 1 – Le quartier français et le parc Louis Armstrong
Balade dans le quartier français
Le vieux carré ou quartier français est le coeur historique de La Nouvelle Orléans. Comme son nom ne l’indique pas, ce quartier forme un carré fort imparfait et le style de ses bâtiments est désormais espagnol. Les édifices d’origine au style colonial français ont disparu dans 2 incendies (en 1788 et 1794) et ont été reconstruits dans un style colonial espagnol puisque la Louisiane était depuis devenue espagnole. Le nom est pourtant resté, comme un joli souvenir de l’époque où la Louisiane était française (petit instant chauvin !).
Les maisons typiques aux balcons en fer forgé sont l’image qu’on a en tête quand on évoque La Nouvelle Orléans. On a également à l’esprit les musiciens qui défilent dans les rues sous ces fameux balcons aux sons de leurs instruments de cuivre. Ça c’est l’image carte postale.
La réalité est un peu différente lorsqu’on fait nos premiers pas dans le vieux carré un matin vers 10 heures. Les sublimes balcons en fer forgés sont bien là. A la place des musiciens, ce sont de nombreux sans-abris épuisés ou alcoolisés qui errent sur les trottoirs. Nous avions déjà visité des villes américaines où la pauvreté était très présente (notamment San Francisco, pour ne pas la nommer), mais à La Nouvelle Orléans on prend la misère humaine en pleine face, quelle claque ! Enfin, pour ce qui est de la musique, elle est remplacée par les sons des camions balayeurs et leurs rouleaux qui nettoient les rues après les festivités de la veille qui ont visiblement duré jusqu’au bout de la nuit. Chanceux que nous sommes, on a en bonus les odeurs laissées par les fêtards… Bref on déconseille la visite du quartier français de bon matin au risque de voir le mythe que représente La Nouvelle Orléans totalement détruit ! Autant dire qu’on est décontenancé par nos premiers pas dans la plus grande ville de Louisiane.
Heureusement, après avoir digéré la réalité de cette ville mythique, on est retourné dans le vieux carré pour de vrais bons moments beaucoup plus festifs. L’après-midi l’ambiance est tout autre dans le quartier français. Les touristes sont nombreux à photographier les bâtiments typiques. La musique n’est pas omniprésente comme nous l’imaginions mais on trouve tout de même quelques groupes qui jouent des morceaux de jazz. Et le temps s’arrête… La voilà La Nouvelle Orléans telle que dans notre imaginaire !
Et pour une ambiance 100% festive, légère et joviale, l’idéal est de se promener dans le vieux carré la nuit. C’est à ce moment que les musiciens sont de sortie.
Jackson square
Après avoir goûté les fameux beignets du célèbre “Café du monde” au rythme des orchestres de cuivres, on traverse la route et commence notre découverte de La Nouvelle Orléans à Jackson Square. Comme à plusieurs endroits dans la ville, un panneau rappelle que La Nouvelle Orléans fut la capitale de la Louisiane espagnole entre 1782 et 1803. Le lieu était alors nommé la place d’Armes. On croirait se promener dans les décors d’un film ou d’une carte postale “cliché” avec des calèches d’un autre temps qui attendent pour embarquer des touristes. On se contente de les longer et on traverse Jackson square et ses palmiers étranges.
Le plan de Jackson Square a été inspiré d’après la Place des Vosges à Paris. Au centre trône une statue d’Andrew Jackson, en l’honneur de qui la place est érigée. Andrew Jackson est le 7ème président des Etats-Unis (entre 1829 et 1837). Son histoire est liée à celle de la Louisiane puisqu’il fut le commandant des forces Américaines pendant la bataille de La Nouvelle Orléans en 1815.
La cathédrale Saint Louis
Au fond de Jackson Square se dresse la silhouette de la mythique cathédrale Saint Louis. C’est un monument face auquel j’ai souvent rêvé de me retrouver et je savoure l’instant. Gris clair, toute droite, stricte, elle a un côté austère. De loin les colonnes qui ornent sa façade paraissent bâclées, son architecture semble trop simpliste, trop droite, trop carrée, trop symétrique. Mais de près je découvre d’infinis et discrets détails creusés dans sa façade, de superbes motifs et nuances dans les toits en tuiles de ses 3 tours. Son horloge blanche et basique tout comme les ouvertures des tours couvertes façon “stores vénitiens” lui confèrent un style unique. J’aime infiniment observer cette cathédrale et l’émotion qu’elle me procure. Elle est à la fois majestueuse, inquiétante, soignée dans les détails et résume parfaitement à elle-seule La Nouvelle Orléans et plus largement la Louisiane. Elle ne ressemble à aucune autre. Rares sont les monuments qui reflètent aussi bien leur histoire. La cathédrale Saint Louis en fait définitivement partie et cet instant est désormais gravé dans ma mémoire.
Le Presbytère, musée consacré à Katrina et à Mardi Gras
La cathédrale Saint Louis est encadrée par 2 bâtiments symétriques qui abritent des musées : à gauche le Cabildo et à droite le Presbytère. C’est ce dernier que l’on visite. Le Presbytère abrite des expositions permanentes sur Mardi Gras et sur les ravages de l’ouragan Katrina, annoncées à l’entrée par une statue d’homme déguisé et un piano renversé par les inondations.
Le rez-de-chaussée est consacré à l’impact de l’ouragan Katrina en Louisiane et plus particulièrement à La Nouvelle Orléans. Entre explications, cartes et objets témoins de la catastrophe, la visite est très intéressante et est une des seules dédiées à ce tragique évènement. On a assisté aux images des ravages de l’ouragan en 2005 derrière notre écran de télévision, nous voilà confrontés d’un peu plus près à la catastrophe.
L’exposition débute par un récapitulatif de la chronologie et trajectoire de l’ouragan, jour après jour, heure après heure. D’autres éléments factuels sont présentés : des cartes des zones inondées après la catastrophe, des détails sur la géologie de la Louisiane ainsi que de nombreuses photos et vidéos d’archives. On vient de terminer un road trip en Louisiane et on comprend aisément pourquoi la région a été inondée à ce point : la Louisiane est une région marécageuse, plate, par endroits sous le niveau de la mer et encadrée par des lacs, marais et l’océan. On retrouve notamment des images du stade du Superdome, utilisé comme abris pour des dizaines de milliers d’habitants mais dont la structure n’a pas résisté aux puissants vents de Katrina.
Plusieurs objets témoins de la tragédie sont également exposés : des panneaux routiers tordus par la force des vents, des extraits de journaux intimes d’habitants qui racontent leur quotidien pendant les jours qui ont suivi la catastrophe. Le plus impressionnant est cette porte de garage avec un tristement célèbre “X code” graphé à la peinture rouge. Autour du X 4 informations sont lisibles : en haut la date à laquelle le lieu a été repéré, à droite les dangers encore existants, en bas le nombre de victimes et à gauche le code de l’équipe de secours qui est intervenue. C’est pour ma part l’objet qui me fait prendre conscience de ce qu’il s’est réellement passé.
L’exposition se termine sur une note d’espoir et présente différentes mesures mises en place pour éviter que cette catastrophe se reproduise : la surélevation des maisons sur des pilotis ou encore la construction de digues et barrages à plusieurs endroits stratégiques.
On poursuit la visite du Presbytère à l’étage, sur une note nettement plus joviale puisqu’elle présente la célèbre fête de Mardi Gras à La Nouvelle Orléans. L’étage expose de superbes et nombreux costumes et masques, tous plus impressionnants les uns que les autres. L’exposition donne de précieuses informations sur les coutumes locales. On découvre que le traditionnel King Cake dégusté pendant le Carnaval est l’équivalent de notre brioche des rois, avec une fève en forme de bébé symbolisant Jésus. Autre symbole du Carnaval, les colliers de perles qu’on a aperçu accroché aux portails et aux arbres dans toute la Louisiane. Ils sont jetés aux visiteurs pendant les défilés, à la manière dont les aristocrates jetaient des cadeaux ou de l’argent à la foule pendant la Renaissance. Aujourd’hui purs produits industriels, ils sont synonymes de bonne fortune.
Le parc Louis Armstrong
Au nord du vieux carré, dans le quartier de Tremé, se trouve le parc Louis Armstrong. Il ne présente pas un grand intérêt en lui-même si ce n’est pour les statues qu’il expose. L’entrée donne le ton avec une porte métallique gravée au nom d’Armstrong. A l’intérieur, plusieurs statues de musiciens et artistes jouant de la musique rendent le parc vivant, dont une grande et majestueuse dédiée à Louis Armstrong.
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Jour 2 – Les grands musées
L’exceptionnel musée de la Seconde Guerre mondiale
On a longuement hésité à aller visiter le musée de la Seconde Guerre mondiale lors de notre séjour à La Nouvelle Orléans. On a découvert son existence un peu par hasard dans nos guides de voyage achetés pour l’occasion et on a beau être passionnés d’Histoire, ce n’est pas pour ce musée que l’on vient à La Nouvelle Orléans. On n’a que 3 jours sur place, on cible donc en priorité les lieux typiques de Louisiane, le quartier français, les abords du Mississippi, etc. A force de lire des avis positifs, on se décide tout de même à faire un détour par ce musée. On y passera finalement 4 heures en bâclant la fin de la visite pour pouvoir arriver au Mardi Gras world avant la fermeture. Ce lieu fut aussi inattendu qu’exceptionnel et… On le recommande grandement ! Plusieurs années après, il reste l’un des musées les plus intéressants qu’on ait pu visiter, toutes destinations confondues.
Un exposé ludique et très complet sur la Seconde Guerre mondiale
Comme très souvent avec les musées aux Etats-Unis, les mises en scène et les décors sont grandioses. Le musée permet d’en apprendre plus sur les origines du conflit, le déroulé des évènements avec de nombreux objets d’archive exposés. Cette visite est également l’occasion de comprendre comment la vie a continué et s’est adaptée pendant la guerre.
Les différentes salles du musées couvrent bien évidemment le conflit en lui-même en exposant des costumes et vêtements de soldats, des armes, des véhicules de combat, des cartes des batailles les plus célèbres, etc. On peut souligner l’intérêt de cette partie de la visite par le fait qu’elle est complète et très bien documentée. Le musée met en lumière des grands évènements de la Seconde Guerre mondiale à travers des mises en scène soignées. Le Débarquement de Normandie, l’impact de la guerre en Allemagne et au Japon ont droit à des récits très détaillés.
Mais ce qui nous a le plus marqué dans ce musée, c’est la place qu’occupent tous les éléments annexes à la guerre ou ses conséquences. On y découvre notamment la couverture par les médias de ces évènements et leur résonance en fonction des différents pays, les industries qui se sont développées pendant cette période, les innovations technologiques basées sur des armes ou véhicules de combat, la vie des familles pendant le conflit (et ses impacts dans une cuisine américaine) ou encore l’émancipation des femmes du fait du manque de main d’oeuvre masculine dans de nombreux secteurs.
Pour une fin de visite en apothéose, le US Freedom Pavilion permet d’observer de nombreux véhicules et avions utilisés durant le conflit. Des passerelles à différents niveaux offrent des points de vue de choix sur les appareils. Impressionnant !
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Jour 3 – Canal street, les rives du Mississippi et le Garden district
Autour de Canal street
Au-delà de Canal street se situe le quartier des affaires. On quitte les maisons coloniales pour les buildings modernes et une autre version de La Nouvelle Orléans. Là où les hautes tours ou les enseignes de vieux théâtres évoquent d’autres grandes villes américaines, les palmiers qui bordent Canal street et les trams typiques rappellent qu’on est bien toujours en Louisiane. Le quartier est agréable à visiter même s’il est moins typique que le quartier français d’où l’on vient. C’est un secteur qui ramène notre esprit aux Etats-Unis, on avait presque oublié qu’on y était. La Nouvelle Orléans est extraordinaire mais est bel et bien une ville à part, qui ne ressemble à aucune autre d’Amérique.
Les rives du Mississippi et Algiers point
Quand on pense à La Nouvelle Orléans, on pense également au mythique Mississippi, fleuve sur les rives duquel la ville est construite.
La Nouvelle Orléans est enclavée entre le Lac Pontchartrain au Nord (second plus grand lac des Etats-Unis après le Great Salt Lake), le Mississippi au Sud et de nombreuses zones marécageuses tout autour. La ville est située en partie en-dessous du niveau de la mer et continue de s’affaisser par endroits. Elle est protégée par de nombreuses digues, qui n’auront malheureusement pas suffi à préserver certains quartiers des inondations lors du passage de l’ouragan Katrina en août 2005. Sa situation géographique surprend : contrairement à la plupart des zones urbaines, ici c’est le fleuve qui surplombe le quartier français. Depuis Jackson square, il faut monter des escaliers pour accéder aux rives du Mississippi, renforcées par une digue pour limiter le risque de crue. Cette configuration des lieux rappelle la fragilité des constructions humaines face aux caprices de la nature. On imagine alors aisément pourquoi La Nouvelle Orléans affronte si régulièrement des inondations dévastatrices.
La localisation de La Nouvelle Orléans le long d’un méandre du Mississippi en forme de croissant lui vaut un autre surnom, celui de « The crescent city ».
Quand je pense au Mississippi je vois un vaste fleuve sauvage et puissant entouré par la nature et parcouru par des bateaux à aube au charme d’autrefois. Il s’agit peut-être d’une image romancée par « Les aventures de Tom Sawyer », le célèbre livre de Mark Twain. Dans la réalité, il y a bien les bateaux à aube pour des promenades touristiques, mais pour l’ambiance en pleine nature il faut sûrement s’éloigner de la ville. Sur la partie où il traverse La Nouvelle Orléans, le Mississippi est plutôt synonyme de fleuve aux eaux grisâtres encadré de zones industrielles qu’on aperçoit au loin.
On parcourt les rives du Mississippi à pied depuis Jackson square. La promenade est agréable le long d’un parc aménagé et exposant de nombreuses statues. Même si le charme attendu n’est pas au rendez-vous, on apprécie cette balade loin du tumulte du centre ville. Quelle que soit sa couleur, les bords de l’eau sont apaisants.
La promenade le long du quartier français n’offre pas le plus beau point de vue sur la ville. Pour cette raison on décide d’emprunter le ferry qui relie les 2 rives du Mississippi jusqu’à Algiers point pour 2$. Le bateau traverse le mythique fleuve en quelques minutes, en parallèle des ponts en acier formés par la « Crescent City Connection ».
Depuis Algiers point, on découvre la vue sur les monuments de La Nouvelle Orléans, notamment Jackson square et la silhouette de la cathédrale Saint Louis. On aperçoit également les buildings du centre des affaires. La skyline de La Nouvelle Orléans n’est pas particulièrement connue puisqu’aucun bâtiment vraiment distinctif ne s’y trouve. Elle met néanmoins en évidence la confrontation entre le monde moderne et les habitations vestiges du passé colonial de la ville.
On a fait la traversée surtout pour profiter de la vue. On ne s’attarde donc pas et on reprend le ferry dans le sens inverse. Et finalement la vue la plus intéressante est celle observée depuis le bateau qui s’approche de la rive. Le Mississippi est large à cet endroit, le point de vue offert par Algiers point est presque un peu trop loin pour être pleinement apprécié.
Le garden district
Le garden district est un quartier résidentiel un peu excentré à La Nouvelle Orléans. Il s’agit d’un secteur plutôt huppé, où de belles et grandes demeures typiques du Sud Est des Etats-Unis ont été bâties principalement au cours du XIXème siècle. Le quartier a été bâti sur d’anciennes plantations qui ont été vendues à des riches américains qui souhaitaient vivre à l’écart des familles créoles.
Il s’agit d’un quartier agréable à visiter, calme, avec des maisons à l’architecture très marquée. Cependant, comme la plupart des quartiers chics, son calme tend à être ennuyeux. Le contraste avec la vie et la musique du centre ville est saisissant.
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Et pour plus de temps sur place ?
Comme souvent lors d’un voyage, il faut faire des choix de visite par manque de temps sur place. Voici quelques suggestions additionnelles de visites :
- Une croisière en bateau à vapeur typique sur le Mississippi (avec ou sans repas) ;
- Le New Orleans city park situé au nord de la ville. On l’a volontairement zappé car notre road trip en Louisiane nous a permis d’avoir un aperçu de paysages plus sauvages qui nous semblaient plus impressionnants ;
- Le cimetière Saint Louis qu’on n’a pas pu visiter pour cause d’évènement ce jour-là ;
- Le musée Vaudou, étroitement lié à l’histoire de La Nouvelle Orléans et plus largement de la Louisiane. Sur un thème similaire et pour les plus téméraires, des ghosts tours sont organisés par plusieurs organismes.
L’heure du bilan
La Nouvelle Orléans a ses travers. La pauvreté est très présente par endroit, je ne saurai la décrire plus en détails, je ne saurai pas expliquer précisément pourquoi elle nous a choquée là-bas plus qu’ailleurs. Une fois qu’on a digéré le décalage entre le rêve et la réalité, on a pu profiter pleinement des richesses que la ville offre. Notre séjour fut trop court mais on a eu un bel aperçu de cette ville mythique. De ces 3 jours à La Nouvelle Orléans, on retient :
- La cuisine cajun qui à elle seule mérite le voyage !
- L’architecture des maisons typiques et des balcons en fer forgé dans le vieux carré.
- Les rythmes endiablés et l’esprit festif dans le quartier français l’après-midi et encore plus en soirée.
- Le musée de la Seconde Guerre Mondiale pour lequel on ne s’attendait pas à une si belle surprise !
Et comme ils disent là-bas « Laissez les bons temps rouler » !